Selon les recommandations, les hommes « ayant des relations sexuelles avec des hommes » (HSH) doivent faire chaque année un test de dépistage du VIH. Pour ceux qui ont des
pratiques à risques, le dépistage devrait même être plus fréquent. La charge virale est en effet la plus haute au moment de la séroconversion, et un diagnostic et un traitement
précoces ont de nombreux avantages pour le patient lui-même mais aussi en termes de contagiosité. Or, les données relevées dans les pays à moyens et hauts revenus montrent que
l’on est loin du compte et que la fréquence de dépistage est inférieure à celle qui est recommandée.
Certains travaux tendent à démontrer que les tests de dépistage rapide seraient une solution pour favoriser un dépistage plus fréquent. Réalisés à partir d’une goutte de sang ou
encore de la salive, ils peuvent être faits au décours d’une consultation et ne nécessitent pas de délai d’attente pour l’obtention des résultats.
Une équipe australienne a voulu vérifier si la mise à la disposition auprès des patients de tests de dépistage rapide du VIH augmentait réellement la fréquence du dépistage.
L’étude est réalisée auprès d’HSH consultant dans un centre de dépistage des infections sexuellement transmissibles. Au total 400 d’entre eux ont été randomisés, les uns se
voyant proposer le test de dépistage rapide, les autres le dépistage habituel. Ils ont été suivis pendant 18 mois.
Contrairement aux attentes, le test rapide ne semble pas favoriser significativement l’augmentation de la fréquence du dépistage. En effet, dans le groupes des 200 individus qui
avaient à leur disposition le test rapide, la fréquence moyenne de dépistage est de 1,63 tests par an, contre 1,42 tests pour le groupe de patients bénéficiant de la méthode
classique (risque relatif [RR] 1,15 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,96 à 1,38). En analyse post hoc, les auteurs notent toutefois que le taux de dépistage initial est
supérieur d’1/3 chez les sujets à qui était proposé un test rapide.
Cette étude ouvre la voie à d’autres travaux qui permettraient notamment d’éclaircir les raisons qui font que l’attrait initial du test de dépistage rapide ne se maintient pas
avec le temps et n’apparaît pas suffisant pour inciter à un dépistage plus fréquent. Notons enfin que ce constat ne s’applique qu’aux conditions de l’étude, c’est-à-dire à des
patients consultant dans un centre de prise en charge des pathologies sexuellement transmissibles. Il ne peut être transposé aux autres situations de consultations au cours
desquelles le dépistage est proposé.
Dr Roseline Péluchon
Read TRH et coll. : Provision of rapid HIV tests within a health service and frequency of HIV testing among men who have sex with men: randomized controlled trial
BMJ 2013;347:f5086. doi: 10.1136/bmj.f5086