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A l’occasion de la saison des prix Nobel, certains chercheurs, en sciences humaines comme en physiologie, ne peuvent s’empêcher de tenter de mettre en évidence les facteurs environnementaux ou
génétiques qui pourraient prédisposer un individu donné à recevoir la prestigieuse distinction.
Franz Messerli de la très renommée Université de Columbia de New York (qui compte d’ailleurs parmi ses anciens élèves et professeurs une pléiade impressionnante de Prix Nobel) est le dernier en
date à s’être attaqué à cette question délicate.
Son étude observationnelle rétrospective tire sa justification de recherches épidémiologiques et d’expériences animales qui ont montré de façon concordante que la consommation de flavanols (une sous classe de flavanoïdes présents en quantité notable dans le cacao, le thé vert et le vin rouge) était associée chez l’homme à une moindre diminution des performances intellectuelles liée à l’âge et chez le rat Wistar âgé à une amélioration significative des performances cognitives.
Si les flavanols sont capables de réduire le risque de démence, alors on peut imaginer qu’une consommation importante de ce nutriment est susceptible d’accroître le niveau intellectuel moyen d’une population donnée et donc, ipso facto, le pourcentage d’individus ayant une intelligence supérieure.
Pour vérifier cette hypothèse de travail, Franz Messerli a scruté les relations entre deux marqueurs indirects de l’absorption de flavanols et de la fraction des sujets ayant des facultés cognitives exceptionnelles : la consommation annuelle de chocolat par habitant de chaque pays et leur nombre de prix Nobel.
La Suisse, médaille en chocolat
Vingt-trois pays (occidentaux à l’exception de la Chine et du Japon) ont été étudiés (voir figure). Les résultats ont révélé une forte corrélation entre la consommation de chocolat par habitant en kilo et le nombre de Prix Nobel pour 10 millions d’habitants (r=0,791 ; p<0,0001) (voir figure). Ainsi c’est la Suisse qui a à la fois la consommation la plus importante de chocolat par habitant (proche de 12 kg/an) et la plus grande densité de prix Nobel (plus de 30/10 millions d’habitants). A partir de ces données, Messerli estime qu’une augmentation de 400 grammes de la consommation annuelle de chocolat par habitant pourrait être associée à un prix Nobel supplémentaire pour 10 millions d’habitants.
Un des pays étudiés semble faire exception à cette relation quasi linéaire : la Suède, où la densité des prix Nobel (32 pour 10 millions d’habitants) est nettement plus élevée que ne le voudrait une consommation très moyenne de chocolat (6,4 kg/an). Deux explications de ce phénomène sont avancées par l’auteur : un biais patriotique qui pousserait le comité Nobel à privilégier les équipes suédoises ou une sensibilité exacerbée au chocolat du cerveau des descendants des Vikings.
La prédisposition au prix Nobel conduit-elle à manger plus de chocolat ?
Comme toute étude épidémiologique rétrospective observationnelle, ce travail a bien sûr de nombreuses limites.
D’une part certains pays n’ont pas été inclus dans l’analyse, soit parce que l’on ignore tout de leur consommation de chocolat soit parce qu’ils ont été fondés bien après la création du prix ou qu’ils ont disparu depuis.
D’autre part, l’existence d’une association entre consommation de chocolat et nombre de prix Nobel, avec de plus un effet-dose très net sans plafonnement, ne prouve bien sûr pas une relation causale entre les deux paramètres comme le souligne Messerli lui même.
On ne peut en effet écarter l’hypothèse d’une causalité inverse, une surreprésentation des esprits supérieurs dans une population conduisant à une majoration de la consommation de chocolat, par le biais d’une meilleure connaissance des effets favorables des flavanols plus que par une appétence renforcée pour ce nutriment lors des libations qui accompagnent habituellement la remise de ces distinctions (qui ne doivent concerner que les proches des lauréats). Enfin il n’est pas possible d’exclure formellement une cause commune aux deux phénomènes, qui pourrait être le climat ou, pourquoi pas, le niveau socio-économique des différents pays étudiés.
Il ne s’agit donc là que de pistes de travail que seule une étude cas-témoins (consommation de chocolat des prix Nobel versus contrôles non primés) et surtout un vaste essai prospectif randomisé pourraient confirmer ou infirmer.
Et de la mise en lumière par cette fable des écueils inhérents à toute recherche épidémiologique de ce type… et du sens de l’humour de la rédaction en chef du très austère New England of Medicine qui mettra cet article à la une d’une de ses prochaines éditions.
Dr Anastasia Roublev
Messerli F : Chocolate consumption, cognitive function, and Nobel Laureates. N Engl J Med 2012, publication avancée en ligne le 12 octobre 2012 (DOI: 10.1056/NEJMon1211064).