Abed, l’Alépin de Montmartre
Abed Azrié, Alépin de naissance et Montmartrois d’adoption, louvoie entre les musiques
occidentales et arabes : les violons de chambre répondent au violon arabe, l’accordéon s’invente des demi-tons, pendant que sa voix s’enivrant peu à peu d’elle même, à détacher
les mots de son seul vrai dieu : la langue arabe. Osmose, dépassement des antagonismes musicaux, une sorte de grand œuvre.
A l’époque où rougeoyaient les bûchers de l’inquisition, le Talmud parle d’un congrès de
chercheurs, où les grands esprits issus de différentes confession se réunissent pour parler entre eux : Abed aurait fait de la musique pour une telle
société.
(...) Et c’est l’honneur d’Abed Azrié de s’être toujours insurgé contre cette dictature de
médiocrité, d’être toujours allé chercher les textes les plus beaux, les plus primordiaux : Epopée de Gilgamesh, poétesses et poètes soufis ou de l’Espagne arabo-andalouse. Rien
d’étonnant qu’il se tourne vers le prince du doute, l’algébriste astronome Omar Khayyam...
Hélène Hazéra
Azrié l’alchimiste
Ne lui demandez pas sa nationalité ! Abed Azrié a passé toute sa vie à se débarrasser
d’être d’ici ou d’ailleurs. Il est musicien. Ses partitions sont sa seule identité ; les textes qu’il chante, les instruments de sa propre quête.
Martine Lachaud
L’Express
En attendant Abed
Laissez faire l’alchimiste. Abed Azrié vous emmène au rythme des planètes rêver sur le
berceau des civilisations du Livre. Magicien du verbe à l’heure du cybermonde, il découpe et recolle les idées fulgurantes des plus anciens poètes pour en livrer le suc. Laissez
conduire l’artiste et découvrez Omar Khayyam, le savant perse qui chantait en secret la merveilleuse ivresse du vin ; Ibn Arabi, le théosophe andalou pour qui sont réunies toutes
les religions ; Al-Ma’arri, le non voyant d’Alep, mystique et révolté, annonciateur de la Divine Comédie de Dante… L’orchestre vogue sur un fleuve de cordes frottées, aiguillonné
par le frisson des cymbalettes et le tempo des percussions. Le piano tempéré se love aux modes orientaux. L’accordéon rejoint l’ample timbre de l’alto.
Et la voix d’Abed Azrié relie ses mélodies au dessin généreux de l’écriture arabe. Mon
souhait serait que vous rencontriez cette voix comme moi, ce soir là. La lune resplendissait au ciel d’une nuit lavée par un froid vif. Nous avions rendez-vous avec l’éclipse, un
des plus étonnants spectacles de l’univers. Pendant que j’observais le disque rayonnant englouti lentement par le cercle de l’ombre. La voix enregistrée d’Abed Azrié emplissait le
silence. Elle semblait commenter le flot d’une pensée métaphysique et la musique en proposait la clé. J’ai rarement eu cette impression de plénitude. Seulement en plein désert ou
au milieu de l’océan. Je l’ai toujours identifiée comme une révélation de la voie du voyageur.
Le spectacle va bientôt commencer. Je n’ai plus donc qu’à vous souhaiter un bon voyage
dans la musique d’Abed Azrié.
François Bensignor