Antibiothérapie systématique sur sonde urinaire provisoire : le consensus est encore loin
Publié le 13/06/2013 |
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Le sondage urinaire, très fréquent chez les patients hospitalisés, est à l’origine d’un nombre important d’infections nosocomiales. Pour en réduire le risque, certains ont proposé d’instaurer une prophylaxie antibiotique systématique au moment du retrait de la sonde mais une étude réalisée en 2004 montrait une grande variété de pratiques en la matière. Et pour cause : il n’existe pour le moment aucun consensus. La prophylaxie antibiotique systématique serait à l’origine d’une augmentation considérable de l’utilisation des antibiotiques par les hôpitaux, puisqu’il semble que 20 % au moins des patients hospitalisés auront à un moment ou un autre de leur séjour une sonde urinaire. Le coût de tels traitements, leurs effets indésirables, le développement de résistances, autant d’inconvénients potentiels des antibiothérapies prophylactiques, qui justifient que l’on s’attarde sur la question.
Une revue systématique de la littérature et une méta-analyse reprennent les résultats de 7 études évaluant l’efficacité d’un traitement prophylactique administré la veille ou au moment du retrait de la sonde urinaire chez des patients hospitalisés, en chirurgie pour 5 des études.
L’analyse retrouve une réduction significative des infections urinaires symptomatiques avec l’antibiothérapie prophylactique (risque relatif : 0,45 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,23 à 0,86), avec 1 infection urinaire évitée pour 17 patients traités. Il existe toutefois une hétérogénéité dans les études retenues concernant l’antibiotique prescrit : ciprofloxacine, triméthoprime/sulfaméthoxazole, nitrofurantoïne ou céphalosporine. Hétérogénéité aussi en ce qui concerne la durée des traitements, qui sont administrés pour des périodes allant de 4 jours à 6 semaines. Un consensus semble donc encore loin. Il persiste aussi les réserves mentionnées plus haut concernant notamment le coût supplémentaire induit par de tels traitements et surtout les risques d’apparition de résistances auxquels ils exposent.
Selon les auteurs, ces inconvénients pourraient être limités en réservant l’antibiothérapie prophylactique aux patients à risque d’infection urinaire. Reste toutefois à établir les critères d’identification de ces patients.
Dr Roseline Péluchon
Marschall J et coll. : Antibiotic prophylaxis for urinary tract infections after removal of urinary catheter: meta-analysis.
BMJ 2013;346:f3147doi: 10.1136/bmj.f3147